Frutarom dans le domaine des solutions aromatiques, Lycored pour les caroténoïdes ou encore Tipa dans les emballages… Nombre d’acteurs clefs de l’agroalimentaire mondial sont nés en Israël. Premier pays au monde pour les dépenses de R&D, cinquième pays le plus innovant devant les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, le pays recèle de ressources parfois méconnues, vues de France . Le secteur agroalimentaire , en particulier, vit un véritable bouillonnement. En témoignent la création de plusieurs centres de recherche et incubateurs dans les trois dernières années (lire notre numéro d’Avril), et la multiplication d’événements catalysant l’innovation, à l’instar du FoodTech IL, qui devrait réunir le 7 mai à Tel-Aviv de 600 à 800 participants du monde entier (entrepreneurs, start-up, investisseurs, prestataires et institutionnels) avec pour objectif de mettre en relation des multinationales avec des start-up technologiques israéliennes. Nestlé, Givaudan, Bühler, Pepsico, Danone ou Migros ont annoncé leur participation.
Un autre événement clef est le Congrès Rethinking Food, qui s’est tenu le 19 mars dernier à Tel-Aviv. Nous y étions.
Protéines végétales
Organisé par l’Institut pour l’Export en Israël, Rethinking Food a réuni pour la seconde année consécutive des acteurs du secteur agroalimentaire israélien, industriels et start-up, désireux de vendre leurs technologies en licence en Europe ou aux Etats-Unis, et de société internationales voulant créer des collaborations en Israël.
Le congrès a démarré sur une présentation des tendances marché avant qu’un Français ne prenne la parole, Denis Chéreau, directeur général d’Improve. Ce centre de recherche privée implantée à Dury près d’Amiens il y a quatre ans s’est spécialisé dans la valorisation des protéines du futur. Outre l’origine végétale, il s’intéresse aussi aux protéines provenant de micro-organismes, d’algues ou d’insectes. « Nous travaillons notamment avec la société Chick.P, qui vient de déposer son second brevet pour l’obtention d’une protéine de pois chiche pure à 90%, souligne le dirigeant de la jeune société qui, en 2017, a augmenté son chiffre d’affaires de 44 %. La plate-forme s’appuie sur 800 m² de halle technique et 170 m² de laboratoires.
Basée à Haïfa au nord de Tel Aviv, Frutarom a placé l’innovation et la durabilité comme clés de la croissance, prenant comme exemple l’annatto. Après avoir connu une période de pénurie et d’inflation, ce pigment jaune est désormais produit de façon durable et sécurisée grâce au partenariat créé par le groupe israélien avec des fermiers en Amérique Latine.
Frutarom a profité du congrès pour annoncer la création de FoodNXT, son laboratoire d’innovation dédié aux start-up. Son but sera de booster le développement des ingrédients fonctionnels et nutraceutiques.
Distributeur et capital risque
Le distributeur allemand Edeka (magasins Netto) a présenté sa stratégie de développement produit, soulignant la mutation des attentes du marché. « Nous avons besoin de changer de culture, souligne directeur de la transformation digitale. En Israël, on a toujours un « oui » et pas un « oui, mais… » ». Edeka s’est doté en juillet dernier d’une plate-forme facilitant l’accès des start-up aux rayons de ses supermarchés. Chaque semaine, de deux à quatre nouveaux produits de start-up alimentaires apparaissent sur la plate-forme FoodStarter. (Cliquez-ici)
De son côté, la société de capital-risque Copia a présenté deux exemples récents de ses projets d’investissement : le développement d’une nouveau bio-pesticide (avec CHR Hansen et FMC) et celui d’un nouveau mode de préservation du lait (avec le consortium laitier Tnuva).
Alternative au sucre
Edemon s’est engagé dans un défi de taille. Poussé par les politiques publiques visant la diminution de la consommation de sucre en Israël, et ailleurs dans le monde, Le sucrier israélien a investi dans Heylo, un édulcorant à base de fibre de gomme d’acacia et de stevia (ajouté en petite quantité), qui évite l’ajout d’ingrédients masquants.
Hébergeant une dizaine d’entreprises, l’incubateur « The Kitchen Hub » est né il y a trois ans. Cette initiative du groupe Strauss (leader du café en Israël) a déjà permis de faire émerger Yofix, une entreprise proposant des yaourts probiotiques sans lait à base de plantes.
Le congrès s’est terminé sur une table ronde autour du sujet des protéines alternatives, avec des start-up prometteuses comme Chick.P pour ses protéines à base de pois chiche, Flying Spark pour ses protéines à base de larves de mouches ou encore The Good Food Institute, qui travaille à la promotion des protéines non animales ou issues de laboratoire (« clean meat »).
Source : http://www.processalimentaire.com/A-la-une/Israel-les-opportunites-du-Rethinking-Food-33985